Mon cher Raymond, Ta dernière lettre était plus rassurante et nous faisait espérer que la fin de long martyr approchait. Tu nous parlais même de quitter Corbineau dans le commencement de janvier, ce qui me semblerait de la dernière imprudence. Tu as été assez payé pour le savoir, et vraiment tu ne devrais pas quitter l'hôpital que lorsque tu auras guéri et que tu n'auras pas à redouter de nouveaux chocs en retour.La température glaciale dont nous sommes gratifiés, n'est pas favorable pour une convalescence prématurée. Aussi je t'en prie, sois prudent et raisonnable. Il paraît qu'Yvonne doit avoir une permission d'ici quelques jours ; il vaudrait mieux qu'elle aille y passer une partie à Châlons. Si d'un autre côté elle peut venir à Rouen, nous serons heureux de la revoir. Le 1er jour de l'an pour nous ressemblera probablement aux fêtes de Noël que nous avons passées bien tristement et nous avons regretté beaucoup plus nos réunions familiales de jadis. En t'envoyant nos souhaits de prompte et définitive guérison, nous faisons des voeux pour que, convalescent, tu viennes passer quelque temps avec nous, car il faut espérer que tu obtiendras une longue permission. A bientôt de tes nouvelles. Embrassement tout affectueux de ton père. As-tu besoin de quelque chose ."