Archives personnelles de l'artiste : correspondance, manuscrits, carnets, albums de photographies d'oeuvres (albums de tirages et négatifs), vues d'accrochages, négatifs des photographies d'oeuvres, enregistrement sonore, ouvrages et revues.
Né le 15 juin 1903 à Piatra Neamt en Roumanie et mort le 12 mars 1966 à Paris. A la suite des révoltes paysannes de 1907, la famille Brauner s'installe à Hambourg. Après un bref interlude de deux ans à Vienne, ils retournent en Roumanie. Le père est passionné par les sciences occultes. Victor Brauner a deux frères cadets : Harry deviendra un réputé ethnomusicologue, Théodore sera une figure importante de la photographie expérimentale.
Après une rapide et incomplète formation artistique à l'Ecole de Beaux-arts de Bucarest, il entre dans la dynamique avant-gardiste roumaine et participe de la diversité des préoccupations dadaïstes et cubo-futuristes des années 1920. Il réalise en 1924, avec l'écrivain Ilarie Voronca, le numéro unique d'inspiration Dada, de 75 H.P., revue-manifeste de la "picto-poésie". Victor Brauner sera un collaborateur constant des revues d'avant-garde roumaine, dont Contimporanul, Punct, Unu et Integral.
Un premier voyage à Paris, en 1924, lui fait découvrir Giorgio de Chirico et les surréalistes. Il ouvre, la même année, sa première exposition personnelle à la Salle Mozart, à Bucarest.
C'est à partir de 1930 et notamment à partir de 1932, date de son installation à Paris, que ses liens avec le groupe surréaliste se consolident durablement. Il est proche d'Yves Tanguy et d'André Breton, il côtoie le groupe d'artistes roumains de Paris (Jacques Hérold, Constantin Brancusi, Benjamin Fondane), il réalise de nombreuses illustrations pour les publications surréalistes et entame la série prémonitoire de tableaux autour de l'oeil énucléé. Pierre Loeb accueille en 1934 sa première exposition personnelle à la galerie Pierre, exposition dont André Breton préface le catalogue.
En 1935, dans un état de dénuement, il retourne à Bucarest, mais continue de participer activement aux expositions collectives surréalistes (notamment à l'"Exposition internationale du surréalisme », Paris, galerie de Beaux-arts, 7 janvier - février 1938). La situation politique en Roumanie et le climat antisémite le conduisent à s'installer définitivement à Paris en 1938. Il occupe, après un court passage chez Yves Tanguy, un atelier au 14, cité Falguière. Lors d'une rixe entre Oscar Dominguez et Esteban Francès, en août 1938, il est blessé au visage et perd définitivement son oeil gauche. Il rencontre à Paris Ghérasim Luca et Gellu Naum, noyau dur du groupe surréaliste de Bucarest. La galerie d'Henriette Gomès lui dédiera deux expositions personnelles en 1939. Brauner expérimente la technique du coulage dans l'atelier de Gordon Onslow-Ford. Il rencontre Jacqueline Abraham qu'il épousera en 1946. Ils occupent à partir de 1945 un atelier au 2bis, rue Perrel (ancien atelier du Douanier Rousseau).
Après la défaite de juin 1940 Victor Brauner se réfugie en zone libre, et s'installe avec Jacques Hérold et Robert Rius à Canet-Plage, près de Perpignan. Il est à Marseille à partir de 1941 et, jusqu'à l'issue de la guerre, mène « une vie nomade » entre Canet, Saint-Filiu d'Amont, Marseille où il rejoint d'autres artistes comme André Breton, Max Ernst, Wifredo Lam, Jacques Hérold et le militant révolutionnaire Victor Serge. Il n'obtiendra pas de visa pour échapper au régime de répression et se réfugie par la suite à la villa Air-Bel, aux Celliers-de-Rousset et Espinasses. Durant cette période, il participe à la création du "Jeu de Marseille" (création inspirée du tarot de Marseille) pour lequel il dessine les figures de la medium suisse Hélène Smith et du philosophe Hegel. Peggy Guggenheim intègre une oeuvre de Brauner dans l'exposition "First Papers of Surrealism", organisée à New York du 14 octobre au 7 novembre 1942.
Entre 1945- 1947, une intense activité de création qui culmine avec la participation à l'Exposition internationale surréaliste, à la galerie Maeght avec, "le Loup-table". Il quitte le groupe surréaliste en novembre 1948, suite à l'expulsion de Roberto Matta. Devant les menaces d'expulsion des Roumains en situation illégale en France, Brauner se réfugie en Suisse. Il initie la série des Onomatomanies. A partir de 1961 se retire à Varangéville. Il obtient la nationalité française en juin 1963. Il meurt à Paris, à 63 ans des suites d'une longue maladie.